Page:Floupette - Les Déliquescences, 1885.djvu/32

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« Oh, fi donc ! Floupette, s’écria mon premier interlocuteur, fût, affût, quels horribles mots ! Toute âme délicate en doit être choquée. Il n’y a pas là ombre de nuance, pas la moindre issue pour le rêve, aucune lueur paradisiaque. Si nous sommes les Poètes, c’est que nous possédons le grand secret, nous rendons l’impossible, nous exprimons l’inexprimable. » Et s’animant peu à peu, car il est naturellement éloquent et s’écoute volontiers parler : « Le rêve, le rêve ! mes amis, embarquons-nous pour le rêve ! L’église, notre mère, professe que le rêve est une prière. Les saintes, abîmées dans l’extase, étaient des poétesses, le poète était un voyant. Aujourd’hui, la négation brutale a tout envahi, l’homme d’action est un sauvage. Mais nous que la vie et la pensée ont affinés, si notre raison se refuse à croire, donnons-nous au moins, en rêvant, l’illusion de la foi. »

Il se tut et soupira profondément. Mais