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mais on le fit toujours travailler. Jamais l’animal ne fut laissé oisif. On lui avait fait faire un petit tombereau de moitié moins grand que les tombereaux ordinaires. Il traînait d’abord ce tombereau depuis la pointe du jour jusqu’à l’entrée de la nuit ; il ne le traîna plus ensuite que durant quelques beures. Enfin, le 24 février 1774, dans le moment où on venait de l’atteler, il se laissa tomber au premier pas qu’il voulut faire et mourut.

« Voilà donc, dit Buffon, dans l’espèce du cheval, l’exemple d’un individu qui a vécu cinquante ans, c’est-à-dire le double de la vie ordinaire de ces animaux : ainsi l’analogie confirme en général ce que nous ne connaissions que par quelques faits particuliers, c’est qu’il doit se trouver dans toutes les espèces, et par conséquent dans l’espèce humaine comme dans celle du cheval, quelques individus dont la vie se prolonge au double de la vie ordinaire, c’est-à-dire à cent soixante ans au lieu de quatre-vingts. Ces priviléges de la nature sont, à la vérité, placés de loin en loin pour le temps, et à de grandes distances