Page:Flourens - De la longévité humaine et de la quantité de vie sur le globe (1855).djvu/171

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Tout dépend ici du point de vue auquel on se place. Si je considère les individus, je ne vois que destruction et reproduction successives ; si je considère l’espèce, je ne vois que continuité et perpétuité.

« Mettons un moment, dit Buffon, l’espèce à la place de l’individu ; … imaginons quelle serait la vue de la nature pour un être qui représenterait l’espèce humaine entière ; … les idées de renouvellement et de destruction ou plutôt ces images de la mort et de la vie, quelque grandes, quelque générales qu’elles nous paraissent, ne sont qu’individuelles et particulières : l’homme, comme individu, juge ainsi la nature ; l’être, que nous avons mis à la place de l’espèce, la juge plus grandement, plus généralement. Il ne voit dans cette destruction, dans ce renouvellement, dans toutes ces successions, que permanence et durée ; la saison d’une année est, pour lui, la même que celle de l’année précédente, la même que celle de tous les siècles ; le millième animal, dans l’ordre des générations, est pour lui le même que le premier