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jamais homme ne me contredit d’un seul mot[1]. »

Il dit ailleurs : « Je n’ai point eu d’autre livre que le ciel et la terre, lequel est connu de tous, et est donné à tous de connoître ce beau livre. »

Et ce qu’il dit là, on le sent à son style, qui a quelque chose de spontané, de soudain, de direct, de pur. Ce style est d’une clarté singulière : cette clarté vient du génie.

Dans Palissy, le génie était soutenu par une âme forte, et qui le fut constamment au milieu de l’adversité la plus rude. Lorsque, nous racontant ses longs et héroïques travaux sur l’émail[2], il se peint « n’ayant aucun secours, aide ni consolation, étant toutes nuits à la mercy des pluyes et des vents… n’ayant rien

  1. Expressions de Palissy, p. 75.
  2. La découverte de la composition de l’émail pour la poterie lui coûta plus de vingt-cinq années d’essais et d’études : « Sçaches, dit-il à son lecteur, qu’il y a vingt et cinq ans passez qu’il me fut montré une coupe de terre, tournée et esmaillée d’une telle beauté, que dès lors j’entrai en dispute avec ma propre pensée… et je me suis mis à chercher les esmaux, comme un homme qui taste en ténèbres. » Œuvres de Palissy, p. 14.