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nise[1]. « Ce plaisir, dit-il, flatte innocemment ma vanité, lorsque je fais réflexion que j’ai fourni à mes compatriotes d’utiles moyens de fortifier leur port, que ces ouvrages subsisteront après un grand nombre de siècles, qu’ils contribueront à rendre Venise une république fameuse, une ville riche et incomparable, et serviront à lui perpétuer le beau titre de reine de la mer… »

Enfin, à tous ces moyens d’une longue vie, la sobriété, les précautions contre le chaud et le froid, etc., l’occupation de l’esprit, celle de l’âme, il s’en joignait un autre qui agissait à l’insu de Cornaro, et qui n’en agissait pas moins ; je veux dire le plaisir secret de lutter contre la nature et de l’emporter, de vivre en dépit de sa constitution et des prévisions de la médecine, de ne devoir sa vie qu’à soi, qu’à sa volonté, qu’à son art, et de compter chaque jour de vie de plus comme un succès de plus pour son amour-propre.

Aussi ne tarit-il pas sur ce qu’il appelle sa

  1. Par ses études sur les lagunes de Venise. Voyez son Trattato delle acque (1560).