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On peut dire que cette grande vue de la mutation continuelle de la matière, fruit d’une méditation abstraite plus encore que des faits mêmes pour Buffon et pour Cuvier, se convertit en un fait matériel, et d’une évidence frappante, dans mes expériences[1].

Si je considère, en effet, l’accroissement en grosseur sur un os d’un jeune animal qui, après avoir été soumis au régime de la garance[2] pendant un mois, a été rendu à la nourriture ordinaire pendant quelques mois, je vois à l’intérieur une couche rouge ; mais, avant que cette couche rouge se fût formée, il en existait une autre qui était blanche et qui a déjà disparu. Cette couche rouge, qui est à présent la plus ancienne, était donc naguère la plus nouvelle ; et quand elle était la plus nouvelle, elle qui bientôt ne sera plus, toutes les couches blanches, qui se sont formées depuis, n’existaient pas encore.

  1. Voyez mon ouvrage intitulé : Théorie expérimentale de la formation des os.
  2. C’est-à-dire à l’usage d’une nourriture mêlée de garance.