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Buffon l’avait déjà remarqué. « Ce qu’il y a, dit-il, de plus constant, de plus inaltérable dans la nature, c’est l’empreinte ou le moule de chaque espèce, tant dans les animaux que dans les végétaux ; ce qu’il y a de plus variable et de plus corruptible, c’est la substance qui les compose. »

Georges Cuvier s’est plu à développer cette belle idée. « Dans les corps vivants, dit-il, aucune molécule ne reste en place ; toutes entrent et sortent successivement : la vie est un tourbillon continuel, dont la direction, toute compliquée qu’elle est, demeure toujours constante, ainsi que l’espèce des molécules qui y sont entraînées, mais non les molécules individuelles elles-mêmes ; au contraire, la matière actuelle du corps vivant n’y sera bientôt plus, et cependant elle est dépositaire de la force qui contraindra la matière future à marcher dans le même sens qu’elle. Ainsi, la forme de ces corps leur est plus essentielle que la matière, puisque celle-ci change sans cesse, tandis que l’autre se conserve. »