Toutes les autres espèces animales en ont de voisines ou de consanguines. Le chien et le chacal, le chien et le loup, le cheval et l’âne sont des espèces voisines ; elles sont même consanguines à un certain degré, ayant entre elles la fécondité bornée.
L’homme seul n’a nulle espèce voisine ; il n’a pas d’espèce consanguine. Sur ce dernier point, on rougirait d’exprimer seulement un doute. L’homme est d’une nature propre, exclusive de toute autre. Buffon a dit que toutes les grandes espèces étaient des espèces uniques. Il se trompait : de son temps les faits manquaient. Le lion et le tigre sont deux espèces voisines, consanguines même ; accouplés, ils peuvent produire, ils ont produit. Buffon a confondu les traits de l’éléphant d’Asie et de l’éléphant d’Afrique ; ce sont deux espèces aujourd’hui parfaitement distinguées, mais voisines. Buffon ne connaissait qu’une espèce de rhinocéros ; nous en connaissons aujourd’hui cinq et peut-être six.
Le privilége de l’exclusivité n’appartient qu’à l’espèce humaine ; elle exclut les autres espèces, et elle en est exclue. Je dis l’espèce humaine et je fais remarquer, en passant, que, dans le langage vulgaire, on dit indifféremment espèce humaine