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L’ART BOUDDHIQUE


des tableaux de morale en action, de faire chérir la vertu. Mais la musique va plus loin, elle est plus directe, elle s’insinue droit au cœur.

Confucius entreprit un long et pénible voyage pour aller recueillir au pays de Tshi des chants anciens d’une incomparable douceur. Mais l’avenir que la philosophie de l’époque Tcheou assurait à la culture musicale, l’essence de la doctrine le garantissait-elle aux arts plastiques ? Oui, mais presque exclusivement dans le sens décoratif. Le Confucianisme nous aide à distinguer les arts qui ornent la vie et les arts qui isolent de la vie. L’art bouddhique est un raccourci de l’infinité. L’art confucéen est une parure de l’existence quotidienne. L’ampleur de l’architecture des Han, le luxe des étoffes et, plus tard encore, la musicalité de la céramique en sont la preuve et nous transmettent avec fidélité ce rêve d’harmonie purement humaine et terrestre.

Le Confucianisme a joué un rôle trop considérable dans l’histoire morale et politique de la Chine pour qu’on ne le définisse pas d’abord comme accent essentiel de cette civilisation. Mais l’époque Tcheou avait vu se dessiner, au cours du vie siècle, un autre courant de pensée religieuse, beaucoup plus ouvert à l’idéalité, beaucoup plus favorable, en un sens, à l’expansion ultérieure du Bouddhisme. Il prit naissance et se propagea dans la Chine du sud, sous l’impulsion du philosophe Lao-tseu (580–530).

Dans l’histoire politique comme dans l’histoire de