Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

céramique et dans sa matière même, une poterie vernissée, d’un vert onctueux, relevé de quelques notes jaunes, Fenellosa reconnaît les thèmes et la technique de la Mésopotamie, « … des formes d’animaux ailés, quelques-uns à corps humain, des masques d’oiseaux ou de fauves, et même le Pégase ailé, l’arbre de vie (cette antique forme du décor persan), et surtout cet ornement persistant du motif courant de fleurs et de rosaces[1]. » Les bronzes révèlent tantôt les mêmes sources d’inspiration, tantôt un style commun à tous les riverains du Pacifique, traité avec une puissante rudesse.

De singuliers panneaux de pierre gravés décorent les chambres funéraires et les piliers qui en désignent l’accès, dans les grottes du Chan-tong (Pl. XIV). Les plus récents (iie siècle après Jésus-Christ) montrent, associés à des scènes historiques ou légendaires, héroïques, patriarcales et pastorales, des monstres qui semblent empruntés à la mythologie taoïste. Révélation intéressante, à une époque où le Confucianisme fait figure de doctrine d’état. C’est que l’empire est à la veille du démembrement et de l’anarchie et qu’à la faveur de ces désordres, les doctrines du sud prennent une vitalité nouvelle.

L’édifice des Han s’émiette en trois royaumes (220-268), et l’unité politique qui assurait la stabilité du Confucianisme n’existe plus. L’état décentralisé pèse moins lourd sur la pensée. La philosophie individualiste et

  1. Fenellosa, L’art en Chine et au Japon, trad. fr., p. 15.