Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/124

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et, sur ce point, on doit reconnaître que l’exposé de ses belles recherches ne manque pas de confusion. Il y aurait sans doute quelque chose d’harmonieux dans la succession de deux vagues d’influence répétant en Chine l’évolution de l’art dans l’Inde, — influence perso-indienne d’abord, influence gréco-bouddhique ensuite. Mais cette hypothèse paraît peu historique. Elle nous mènerait à commencer l’étude de l’art bouddhique par la Chine du sud, pour faire en second lieu de la Chine du nord l’aire d’expansion de l’art gréco-bouddhique postérieur. Il est incontestable, je l’ai montré, que la Chine du sud fut, dès l’origine, un terrain particulièrement favorable au développement de la pensée indienne : son grand sentiment plastique, sa sévérité pleine de poésie devaient marquer d’un accent spécial les œuvres de l’école méridionale. On doit tenir compte aussi de la route maritime qui menait du golfe du Bengale à l’embouchure du Fleuve Bleu par Ceylan, voie naturelle des légations et des missions. Mais les pèlerins nomades s’infiltraient par le Turkestan. C’est le nord-ouest de l’Inde qui sert de charnière, en quelque sorte, entre les civilisations indienne et chinoise. C’est le Bouddhisme du nord-ouest, propagé à travers des éléments ethniques jeunes et vigoureux, qui se répandit avec le plus d’activité, apportant avec lui ses images et son art, ses bannières peintes, âpres de dessin, saturées de couleur, et aussi les types et quelques-unes des pratiques de l’école gandharienne. Comment en aurait-il