Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/127

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pu être autrement ? Qu’était l’art indien « primitif », avant la révélation du Gandhara, sinon un ensemble de formules schématiques, dont l’image même du Bouddha (ne l’oublions pas) était exclue ? Enfin est-il exact de présenter les Weï du nord comme des persécuteurs du Bouddhisme ?

Le Bouddhisme chinois, c’est donc surtout le Bouddhisme du nord, une religion vigoureusement populaire, dotée d’une iconographie très riche, déjà fixée au iiie siècle. N’est-ce pas la seule forme de la philosophie du renoncement qui pouvait être adoptée à l’origine par des populations réalistes, travailleuses et saines ? Une puissante note idéaliste se fit entendre plus tard : nous en discernerons les effets. Mais cette évolution postérieure, de même que les différences de tonalité morale dans les diverses parties de la Chine, n’autorise pas à discuter ce principe. Le Bouddhisme septentrional s’était répandu, de la haute vallée de l’Indus, dans l’Asie centrale et dans le Turkestan chinois. Les sables de ces régions devenues arides, fouillés depuis vingt ans par les Sven Hedin, les Aurel Stein, les von Lecoq, les Pelliot, ont révélé toute une civilisation bouddhique très ancienne qui, jusqu’au xie siècle, eut une brillante existence et dont l’art est en étroite relation avec les monuments gandhariens. Le style des figures, le caractère des draperies, l’emploi de la terre cuite, l’usage de sceaux d’origine ou d’inspiration hellénique, ne laissent aucun doute à cet égard. Ajoutons que l’infiltration gandharienne