Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

remonte à une haute époque, puisque le temple de Khotan où Aurel Stein découvrit la statue d’un héros guerrier protecteur du Bouddhisme date vraisemblablement du iiie siècle.

En Chine même, l’expansion de l’art gréco-bouddhique se produit bien avant le viie siècle et n’attend pas l’unification de l’empire sous les Thang. Bien plus, dans un certain nombre de monuments religieux, les dévots empereurs Thang ne firent que copier et continuer l’œuvre de leurs prédécesseurs. En 1907, M. Chavannes explora méthodiquement, près de Ta-tong fou, dans le nord du Chan-si, et, d’autre part, près de Ho-nan fou, dans un défilé qui porte le nom de Long-men, la Porte du Dragon, des sanctuaires rupestres décorés de figures et creusés au ve siècle, sous le règne des Weï du nord, une des dynasties qui prennent place entre l’émiettement des Han et l’avènement des Thang. Les dédicaces gravées dans le rocher indiquent que ces grottes ont été aménagées et sculptées pour assurer le repos définitif à des morts de toute condition et pour leur permettre d’échapper, par la vertu d’une bonne œuvre, à la nécessité des réincarnations successives. Les petites gens ont érigé là de minuscules Bouddhas, les empereurs Weï ont dressé des figures colossales.

Cet art des Weï du nord (Pl. XV), plein de grâce et de suavité, est d’une inspiration gréco-bouddhique incontestable. Un caractère particulier, qui ne se retrouve plus sous les Thang, le délimite dans le temps :