Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/129

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beaucoup de personnages assis ont les pieds croisés l’un devant l’autre. C’est la pose d’une statuette gandharienne retrouvée à Tourfan, au Turkestan oriental, et l’on sait que la politique militaire des Weï les mit en relations avec les peuples de cette région. C’est là un précieux jalon dans l’histoire de la pénétration en Chine de l’art gréco-bouddhique. Une des grottes de Ta-tong fou est décorée de onze panneaux analogues aux reliefs des balustrades des stupas, représentant des épisodes de la vie du Bouddha. Une autre contient des sculptures d’un faire plus mou et plus lourd, mais chargées d’attributs nettement helléniques. L’une des figures, coiffée du bonnet ailé de l’Hermès grec, porte sur son épaule droite une sorte de caducée et, de l’autre main, le trident de Poseidon, qui s’apparente ici au trisula. Cet Hermès énigmatique, sculpté malaisément sur la paroi d’un sanctuaire rupestre à la fin du ve siècle, ce n’est pas un suggestif mystère pour les rêveurs d’histoire, c’est une preuve péremptoire pour l’archéologue.

Les grottes de Long-men sont plus richement décorées que celles de Ta-tong fou, mais elles appartiennent au même groupe. Un rythme parfait enchaîne l’ornement et discipline la profusion. Les Thang continuèrent les Weï à Long-men. Ils y introduisirent un élément nouveau : les rois célestes, qui gardent l’entrée des sanctuaires et que l’on retrouve plus tard dans les temples bouddhiques de la Chine et du Japon. Ils ont peut-être, eux aussi, une origine gandharienne, s’il est vrai qu’ils se rattachent à Vajrapani, le génie pro-