Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/138

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tseu étaient faits pour inspirer à un peuple sévère et sensible ce lyrisme naturaliste dont on retrouve l’accent dans la philosophie de Lao-tseu. L’école Tchhan le développa. Dès l’époque des Liang, une des dynasties qui précédèrent l’unité Thang, elle avait pénétré à la cour impériale. Ascétique et contemplative, tournée vers la nature, et non vers le surnaturel, idéaliste, mais non mystique, la philosophie Tchhan exerça une grande influence sur le développement de la peinture de paysage en Chine et au Japon. Très chargée d’éléments taoïstes, elle se développa plus tard avec beaucoup de largeur, de charme et d’autorité dans la Chine des Song et au Japon. Mais, tandis que l’extrême individualisme contribuait peut-être à dissoudre et à affaiblir la communauté chinoise en face de la menace mongole, dans le Japon des ères Kamakoura et Asikaga, les éléments sains de cette philosophie, choisis et retenus par une race en pleine verdeur, la doctrine de la maîtrise de soi, l’entraînement physique et moral des moines militaires devaient produire des résultats exactement opposés. Quant au mysticisme Thyen-thaï, il allait être pour l’art une dangereuse école de symbolique et le détacher peu à peu de l’étude de la nature. Rien n’est plus important, pour bien comprendre désormais l’histoire de l’art bouddhique en Extrême-Orient, que de se représenter le rythme qui mène de la philosophie Tchhan à la philosophie Thyen-thaï et de la philosophie Thyen-thaï à la philosophie Tchhan. Le passage du naturalisme idéaliste au pur