Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/143

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pour se rassembler après les invasions. L’émiettement des Thang est pareil à l’émiettement des Han. En un demi-siècle (907-960), cinq courtes dynasties occupent la scène, puis les Song ouvrent une ère nouvelle de vigueur historique et de large continuité.

Toute la civilisation des Song est énergiquement zéniste, d’un zénisme actif et novateur qui contraste d’une façon étrange avec la vieille éthique communautaire et conservatrice de la Chine des Han. Qu’on ne se représente pas les confucianistes contemplant avec bénignité les progrès indéfinis de la pensée indienne sous sa forme individualiste et naturaliste. Un accord et même des échanges avaient pu se produire au cours de l’époque précédente entre le Tao et le Bouddhisme. Même, la doctrine Tchhan avait adopté quelques-uns des points de vue de la doctrine confucéenne. Mais la moins métaphysique et la moins mystique des écoles bouddhiques était encore, aux yeux des purs confucianistes, un mortel danger pour l’empire. Le drame de vie morale qui secoue, à une période critique, l’histoire de tout grand peuple agita la Chine des Song et se dessine à nos yeux en traits d’une netteté singulière. Comme en Grèce, au moment où Aristophane se déchaîne contre Socrate, Euripide et les sophistes, comme à Rome, au temps de l’affaire des Bacchanales et de la campagne menée par Caton contre une culture nouvelle, les conservateurs chinois dénoncent les esprits libres comme des anarchistes et les novateurs comme des ennemis déclarés de l’état. Favoriser la connaissance des choses