technique, ils peuvent être interprétés par les archéologues comme les points saillants de l’évolution, comme les plus beaux résumés des connaissances acquises : aux yeux des Grecs, ils fixaient une règle et formulaient une discipline.
Dans tous les aspects de la vie religieuse et sociale chez les peuples anciens, l’art est impliqué, non comme un agréable ornement, mais comme la technique la plus efficace. Les plus sèches des religions comme les plus prolixes, les plus détachées comme les plus ardentes, les plus hautement spéculatives et celles qui se limitent à quelques enseignements d’éthique positiviste, toutes se signifient par un art autant que par une doctrine. Et l’art n’est pas seulement pour elles un moyen de publicité populaire et de diffusion auprès des masses, mais le principe même de leur établissement et de leur grandeur. La pensée religieuse ne suffit pas à faire la religion : elle lui survit quelquefois, mais l’a-t-elle vraiment précédée ? En tous cas, deux éléments sont nécessaires : le dogme et le culte, ou, si l’on veut, l’esprit et la lettre, la croyance et le rite. Sans le rite, la pensée religieuse n’est qu’une poésie solitaire, une méditation ou une élévation personnelle. Le rite la cheville dans la vie sociale, où elle exerce son empire par des interdictions et des prescriptions. La liturgie, les langues ésotériques, les danses sacrées, les images miraculeuses, tels sont les procédés par lesquels le corps social pense et vit une métaphysique. Et, quand la métaphysique s’évanouit, l’art et le culte n’en subsistent pas moins.