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V. — INVASION MONGOLE. LES MING.


Pendant un demi-siècle, les Song du sud luttèrent avec acharnement contre les progrès des invasions. Mais que pouvait leur incontestable valeur contre l’extraordinaire machine militaire des Mongols ? Déjà maîtres des provinces du nord, les cavaliers nomades, conduits par des stratèges de génie, ne pouvaient pas ne pas s’emparer du reste de la Chine. En 1280, une dynastie mongole s’impose à l’empire pour près d’un siècle.

Cahun fait observer justement que la différence essentielle entre l’Europe et l’Asie réside dans la structure de leur partie septentrionale. Tandis que le nord de l’Asie est homogène et continental, étend sur l’océan glacial d’immenses plaines en façade, le nord de l’Europe est profondément découpé en golfes, en fiords, en péninsules. Mais, de même que les mers d’Europe furent une libre arène pour les coureurs des flots, vikings et normands, de même les plaines d’Asie s’ouvrirent aux chevauchées sans fin des nomades. Ainsi se précise pour nous le rôle du cavalier mongol qui, de la région des hautes herbes, s’élança sur l’Asie entière et jusque sur l’Europe. Rien de plus extraordinaire et de plus défiguré que son histoire. Par lui l’Asie fut brassée, amalgamée, et, plus d’une fois, révélée à elle-même. De la Soungari à l’Irtych pait et s’ébroue sa cavalerie innombrable. Il la conduit par-