Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/168

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tseu, par l’amour de la nature et par le culte de la liberté. C’est en 552 que le Bouddhisme est officiellement introduit au Japon. Peu de temps après, le prince Oumayado, régent de l’impératrice Soui-Ko, promulgue les dix-sept articles d’une constitution qui atteste la fusion complète des éléments Sintô, confucianiste et bouddhique : « Ce document, dit Okakura[1] proclame le devoir du dévoûment à l’empereur, inculque l’éthique confucéenne et s’étend sur la grandeur de l’idéal indien qui doit les pénétrer tous, faisant ainsi l’abrégé de la vie nationale du Japon, pendant les treize siècles qui allaient suivre. »

Il est vrai que ces éléments si bien fondus tendirent tardivement à se désunir, et qu’une longue période de discussions théologiques s’ouvrit à la fin du XVIIe siècle. Mais la renaissance de l’érudition chinoise et la propagande anti-bouddhiste ne touchèrent pas le fond de la croyance générale : on doit même les interpréter comme des faits d’ordre politique et comme une nuance caractéristique de l’administration Tokougawa. De même la lutte des yamatisants contre les abus du néo-confucianisme, à la veille de la Restauration, a un sens nationaliste et patriotique. Les efforts des néo-sintoïstes pour conserver Bouddha, en l’annexant au nombre des divinités Sintô, comme le Bouddhisme avait fait jadis pour les vieilles divinités japonaises, témoignent d’un intelligent respect pour la vieille foi chère à tous, pour un passé peuplé de tant de grandeurs. Ce qui est

  1. Op. cit., pp. 101-102.