Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/178

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sérieux, une profondeur, une sensibilité qui n’ont pas été dépassés ; des mondaines développent et commentent ces futilités délicates qui, plus encore que les édifices et que les armes, attestent l’âge et la qualité d’une civilisation. Ce que j’ai lu de l’illustre Genzi fait paraître terne, morose et sans art le fatras didactique de nos romanciers « psychologues ». D’autres œuvres aussi vastes, aussi riches de sens japonais et de sens humain, poèmes, essais, entretiens philosophiques, théâtre, se succèdent au cours des âges. Un art merveilleux et divers, plus noble et plus profond encore, accompagne les lettres.

Le grand principe de la pensée asiatique, on a déjà pu s’en rendre compte en étudiant les arts de l’Inde et de la Chine, c’est la curiosité de l’absolu et de l’universel, opposée à l’empirisme scientifique de l’Occident. On n’aura pas de peine à en reconnaître l’autorité dans la culture japonaise, si l’on prend garde toutefois que cette pensée n’y prend pas d’une manière exclusive et constante la forme métaphysique, qu’elle ne se renferme pas dans un ordre, qu’elle ne cherche pas au delà du monde le secret du monde. L’art japonais, interprétation, ou mieux intégration de certaines vérités sublimes, est éperdument phénoméniste. Certes l’enchaînement des théologies systématiques exerça une influence profonde sur les mœurs et sur la vie de l’esprit : à cet égard, en tenant compte de ce qu’il y a forcément d’un peu dur et de voulu dans un tableau synthétique et du souci de faire évo-