Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/195

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et des salles, ainsi agrandies par le spectacle d’une nature artificielle, impressionnante, somptueuse, les fêtes, les cortèges déployèrent les richesses mouvantes des beaux costumes et des parures.

Nobounaga avait essayé de sauver l’art Zèn en protégeant les héritiers directs de la tradition Asikaga, les Kano, continuateurs spirituels de Sesshou et de ses émules. Le chef de cette dynastie, Masanobou, était mort en 1490, laissant une œuvre pleine de largeur et de sérénité, très pénétré de l’esprit des maîtres chinois[1]. Son fils Motonobou (1480-1559) résume toutes les acquisitions faites à cette époque par la peinture en Chine et au Japon, avec une force et une plénitude extraordinaires. Il avait immensément copié les maîtres chinois, en se retrempant sans cesse aux sources japonaises. Peintre d’oiseaux, de fleurs, de paysages, peintre religieux, décorateur, tantôt il manie avec sobriété l’encre et le pinceau du pur Zéniste, tantôt (principalement dans ses sujets bouddhiques) il s’abandonne au charme délicat des tons rares et des rehauts d’or. Nobounaga, encore obscur, l’avait connu et admiré. Parvenu au pouvoir, il employa le second fils du vieux maître, Chô-ei, artiste sans originalité, dépositaire d’une tradition d’où toute vitalité peu à peu s’écoule et qui va bientôt se dessécher dans les académies.

Au vieux génie Zèn se substitue alors un art neuf,

  1. Voir au Musée de Boston une copie de son Çakya-Mouni par Tan-you, à rapprocher de Go Dô-si.