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solitude, comme l’image des stabilités immuables et des puissances cachées. — Hokousaï enfin appartient au Bouddhisme, non seulement par sa piété, non seulement par ses peintures colossales de Dharma, non seulement par ses planches d’imagerie religieuse, mais par l’inquiétude de surprendre et de capturer la vie dans ses ressorts les plus secrets, par le don prodigieux d’animer la matière, de lui insuffler l’esprit, de la suggérer avec puissance par quelques traits, par quelques points. Son œuvre extraordinaire et multiple, vrai miroir de la nature vivante, dernier terme de l’évolution de l’art japonais, met en relief une des deux grandes vertus qui se dégagent pour nous de l’histoire de cet art et qui nous permettent de le caractériser comme une forme classique et communicable du génie bouddhique, — la suggestion de la vie par des moyens exceptionnellement concis.


III. — LE DON DE LA VIE ET LE SENS DU STYLE. LE CLASSICISME BOUDDHIQUE.


Il était naturel qu’un peuple aux yeux duquel l’univers est dans l’atome, pour lequel l’esprit est partout et qui se refuse à voir dans la matière la pesante image de l’inertie et de la mort, se révélât dans les arts comme un exceptionnel animateur. Il y a quelques années tout au plus que nous savons faire la différence entre la masse et la matière, que nous reconnaissons dans cette dernière toute sorte de puissances