Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/21

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dans l’équilibre souverain des fonctions organiques et dans l’harmonie d’une jeunesse éternelle l’image d’une humanité vraiment digne d’incarner le divin.

Que les dieux grecs soient en partie redevables à l’Asie de leur sens primitif et de leur configuration originelle, et même que la mythologie classique ait conservé, dans les fondations de l’Olympe, les vieux monstres exubérants, — Géryon, les Hécatonchires, — c’est un fait, et l’on doit reconnaître aussi que, parvenu à une habileté supérieure, l’art religieux de la Grèce s’est longtemps incliné devant quelques-unes des formes vénérables qu’il avait prises à ses débuts. Même aux basses époques, l’Artémis éphésienne restait emprisonnée dans une gaine et couverte de mamelles. Ce qui est remarquable dans l’histoire de l’art grec, ce n’est pas seulement la rapidité de son évolution, c’est l’autorité avec laquelle il a fixé dans des formes humaines, merveilleusement équilibrées et choisies, un certain nombre de notions valables, non pour une peuplade, mais pour l’humanité tout entière, la lumière, la beauté, la sagesse. Que la chouette totémique subsiste au revers des monnaies d’Athènes et qu’elles portent au droit l’image de la Raison, quelle conciliation entre les dieux de la tribu et les dieux de tous les hommes ! En modelant des dieux parfaits, l’art grec modelait l’intelligence parfaite, sous les traits de l’homme accompli. Ce qui peut subsister de l’antique magie dans les soubassements de l’édifice s’enfonce et s’obscurcit à mesure que l’on s’élève, et le temple lui-même est doré par les rayons de l’air supérieur. L’idée de la liberté, dans