Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/212

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tique, dont les proportions ont été longuement étudiées par un maître. Dans l’industrie humaine il chérit un effort qui s’égale ou s’apparente à la majesté des choses naturelles. Ce génie sobre, ardent et pur ne s’est pas attardé dans le luxe : très vite il a franchi l’étape qui le sépare du raffinement. Dès lors, il ne peut plus tolérer que des objets, des œuvres et des pensées absolument dignes de l’élévation morale de la race. Les artisans travaillent durant des mois pour fixer dans le laque, le bronze ou la céramique un aspect éphémère de la nature qui devient l’objet d’une méditation durable, une source jaillissante d’émotions. Sur la soie gommée ou sur le papier, plus beau que la soie, le pinceau de l’artiste écrit d’un seul jet le trait qu’il faut, et non tel autre. Le poète choisit et arrange les mots qui perpétueront une minute immortelle. Ainsi s’épanouit une culture unique, dont le principe peut se formuler ainsi : l’inachevé de la vie soumis à la largeur du style, dans la perfection de la matière.