Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/29

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aptitudes purement décoratives. Une métaphysique et une mystique qui font trop de méandres pour notre logique européenne nous déconcertent. Nous n’avons pas seulement de la peine à éclaircir cet ordre de pensées, nous y répugnons en quelque manière. Pourtant l’art de l’Asie ne doit pas rester le privilège des purs érudits, il a un sens humain et général, il doit faire partie de notre conscience historique.

L’Europe et l’Asie ne sont pas fermées l’une à l’autre comme deux mondes hostiles évoluant à part selon des formules divergentes. De tout temps elles ont communiqué. Les Aryas de l’Inde, jadis considérés comme les ancêtres de l’homme d’Europe, sont ses descendants. Des régions baltiques ou de l’Europe centrale, il se répandit sur les deux continents. Il colonisa l’Iran et l’Inde. Plus tard l’expédition d’Alexandre renouvela cette marche vers l’est qui n’a cessé de tenter la race blanche. Elle n’est pas l’éblouissant épisode d’une vie légendaire, elle eut un lendemain, elle laissait derrière elle mieux que des vestiges de son passage, ces principautés helléniques qui se maintinrent longtemps en Bactriane et sur les rives de l’Indus. Peut-être sont-ce des Grecs d’Asie qui firent connaître le Bouddhisme aux néo-platoniciens. Leur culture rendit possible le développement d’un art hellénique dans le royaume de Gandhara. Enfin le Christianisme pénétra jusqu’au cœur de l’Asie où il subsista pendant des générations. Certaines impératrices mongoles le favorisèrent. En pleine Asie cen-