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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/102

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plit les veines, qui estoient vuides de sang, et redonne la force aux os. Mais c’est assez pour ceste heure, reserrez votre cornemuse, estuyez la sourdine, ô Muses, remplissez le flaccon : si la teste est seche, donnez à boire à la teste seche.


LIVRE TROISIEME.


Balde, nonobstant les langes et les couches, avoit tiré ses bras dehors, et avoit deslié toutes ses bandes : appeloit sa mere Mamam, et Berthe Tatta : et commence à se tenir en place : et, s’essayant de marcher, n’attend aucun soutien, ny secours de sa mere, et ne se veut ayder de ces petits roulleaux qu’on baille aux enfans de son aage. Luy mestne s’achemine où il luy plaist, allant çà et là. Mais, n’ayant encor les jambes bien fortes ny les pieds bien asseurez, pendant qu’il s’efforce de courir et de vouloir voler comme l’Oyseau, tout halebrené, tombe souvent en terre, et gaigne de bonnes beignes au front, et fait souvent emplastrer ses yeux pochez au beurre noir. Toutefois, pour cela, on ne luy en void pas sortir une larme des yeux : combien qu’il voye son sang sur la place, et soudain se leve, et, se tenant droit, va encor trotter çà et là. Sans qu’aucun luy enseignast, il se fit un cheval d’une canne creuse, et un autre d’un baston de saule et d’un roseau. Ce petit diablotin court deçà delà, ne peut s’arrester en un lieu. Il n’aime se tenir sur la robbe ny reposer sur les genoux de sa mere. Il prend un esclat de bois qu’il attache à son costé en forme d’une espée, et d’une longue canne il fait une lance ; et autant qu’il en peut