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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/18

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§ 1er. vie de folengo.

Théophile Folengo descendait d’une famille ancienne et distinguée qui habitait à Cipada, village de la banlieue de Mantoue. Dans un de ses écrits, il nous apprend qu’il naquit le 8 novembre 1491. Après avoir commencé ses études à Ferrare, il alla les continuer à Bologne, sous la direction du célèbre Pierre Pomponace, qui professait la philosophie d’Aristote ; mais, trop ami des plaisirs et trop enclin à la poésie, le jeune Mantouan se livra fort peu à des lectures sérieuses. Des espiègleries un peu vives le brouillèrent avec la justice et l’obligèrent à quitter Bologne ; il revint dans sa famille, et fut assez mal accueilli par son père, qui n’avait pas sujet d’être très-satisfait de lui. Il voulut alors embrasser la profession des armes ; mais, promptement rebuté à l’idée des fatigues et des périls auxquels il s’exposait, il préféra entrer dans un convent de Bénédictins, et, après un noviciat de deux années, il fit profession, le 28 juin 1509, dans le couvent de Sainte-Euphémie, à Brescia ; il n’avait pas encore dix-huit ans accomplis. Ce fut alors que, quittant le nom de Jérôme qu’il avait reçu à sa naissance, il prit celui de Théophile.

À cette époque, la discipline était fort relâchée dans les monastères, et les conteurs italiens, qui donnent une si mauvaise idée de la conduite des moines, n’ont peut-être pas extrêmement charge le tableau qu’ils avaient sous les yeux. Folengo n’était pas homme à résister à l’influence des mauvais exemples, surtout depuis que son monastère avait perdu un chef, Jean Cornelius, qui l’avait dirigé avec habileté, mais qui avait été remplacé par un ambitieux sans principe, Ignace Squaccialupi[1]. Jetant le froc aux orties, Folengo s’enfuit en compagnie d’une femme, Giroloma Dedia, dont il était éperdument épris, et il se mit à parcourir l’Italie.

On ne saurait le suivre dans la vie errante qu’il mena durant quelques années. En 1522, il était à Venise ; il y revint

  1. Dans un de ses ouvrages, le Chaos del Tri per Uno, Folengo fait le plus grand éloge de Cornelius, qu’il désigne sous le nom à peine déguisé de Cornegianus. Par contre, dans son Orlandino, l’abbé qu’il nomme Griffarosti, et qu’il dépeint sous de noires couleurs, est sans doute le portrait de Squaccialupi.