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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/193

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teray-je encore cette grand’perte ? » Cingar lui respond : « Repose-toy sur moy pour telle chose ; je te promets que tu en auras quatre barils bien pleins. Adieu, je m’en vais, tu sortiras maintenant. O, Apoticaire, allons à l’auditoire ! » Ainsi s’en vont, et ayant eu audience, Cingar prouve tout ce qu’il veut, jure, afferme et allegue cent mille menteries, et fait tant qu’il fait sortir Zambelle, et le rameine à sa maison, emportant en sa bourse l’argent que Lene luy avoit baillé, et ensemble ce qu’il avoit receu du miserable Apoticaire. Mais, pour telle drogue puante, je voy que la compagnie est en cholere, pendant que mes Muses m’ont tenu le nez bouché. Pardonnez-moy si nous avons remply vos oreilles de choses si grandes. Il vaut mieux en ouyr parler que d’en taster. Je me recommande.


LIVRE HUITIEME.


Ja la bonne femme de Zambelle avoit receu son mary de retour de la prison et le caressoit d’estranges manieres. Comment ? Estoit-ce avec baisers ? Estoit-ce avec embrassemens joyeux, comme fait la femme finette, quand elle veut tirer quelque chose de son mary ? tant s’en faut. Mais le receut avec un gros baston, avec lequel elle luy affermissoit les coustures de son casaquin. Voilà le repos qu’on donnoit à Zambelle après une prison. Et, trois jours après, Lene veut employer son mary en quelques affaires, afin que la pauvrette peut recouvrer ce qu’elle avoit perdu ; car Cingar avoit entierement espuisé sa bourse, et ces miserables n’avoient un morceau de