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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/21

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avec autant de bonheur et appliquée à des productions d’aussi longue haleine. Ch. Nodier a eu raison de dire qu’il y avait dans les délicieuses macaronées de Folengo tout ce qu’il faut d’imagination et d’esprit pour dérider le lecteur le plus morose.

§ 2. de la langue macaronique.

La véritable diction macaronique consiste à ce que l’auteur prend les mots dans sa langue maternelle, et qu’il y ajoute des terminaisons et des flexions latines. Faute de s’être bien rendu compte de cette particularité, des auteurs, fort estimables d’ailleurs, sont tombés dans des erreurs complètes en confondant avec le macaronique le latin corrompu à plaisir et des langages hybrides, enfants du caprice. Le pédantesque, qui amusa un instant l’Italie, a été aussi l’objet d’une confusion semblable, tandis qu’il est l’inverse du macaronique, puisqu’il soumet le mot latin aux formes du langage vulgaire ; la macaronée, au contraire, assujettit le mot vulgaire à la phraséologie et à la syntaxe latine.

Ces distinctions sont nécessaires à préciser, car pendant longtemps on a employé, dans presque toute l’Europe, un genre de comique qui consistait à créer un mélange hybride dépourvu de règles et fort éloigné de la véritable macaronée. « Dans celle-ci, (ainsi que l’a judicieusement observé Ch. Nodier), c’est la langue vulgaire qui fournit le radical, et la langue latine qui fournit les flexions, pour former une phrase latine avec des expressions qui ne le sont pas, au contraire des langues néo-latines usuelles, et c’est l’expression qui est latine dans une phrase qui ne l’est point. L’italien et donc du latin soumis à la syntaxe vulgaire ou aborigène, est la langue factice de Merlin Coccaie, est de l’italien latinisé. »

L’origine du mot macaronique a donné lieu à des explications plus ou moins ingénieuses et nécessairement contradictoires. Folengo, qui devait savoir à quoi s’en tenir, donne à cet égard une explication fort nette dans son Apologetica in sui excusationem, morceau placé à la tête de plusieurs éditions de ses œuvres : Ars ista poetica nuncupatur macaronica, a macaronibus derivata, qui macarones sunt quodam pulmentum farina, caseo, botiro compaginalum, grossum, rude et rus-