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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/20

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tant que les lettres et le mérite recevront les hommages qui leur sont dus[1].

Folengo s’était d’abord livré à la composition d’un poëme latin, dans lequel il se proposait de surpasser Virgile ; mais, reconnaissant que cette prétention était excessive, il aima mieux occuper la première place dans le genre badin qu’être réduit à un rang inférieur dans le genre sérieux, et il écrivit ses poésies macaroniques, qu’il mit au jour sous le nom de Merlin Coccaie[2]. Soit conviction de son propre mérite, soit par une de ces plaisanteries qui fourmillent chez lui, Folengo se décerne à lui-même des éloges éclatants :

Magna suo veniat Merlino parva Cipada,
Atque Cocajorum crescat casa hassa meorum ;
Mantua Virgilio gaudet, Verona Catullo,
Dante suo florens urbs tusca, Cipada Cocajo.
Dicor ego superans alios levitate poetas,
Ut Maro medesimos superat gravitate poeta.

Et ailleurs il s’écrie :

Nec Merlinus ego, laus, gloria, fama Cipada.

C’est à son épopée macaronique que Folengo doit la réputation qu’il a conservée, et c’est elle qui doit nous occuper en ce moment, lorsque nous aurons d’abord fait connaître ce qui distingue la langue factice dont notre poëte ne fut pas l’inventeur, mais que personne, avant lui, n’avait maniée

  1. M. Delepierre, qui parle avec quelques détails de cet éloge, p. 99 et suiv., n’a pas connu l’auteur ; il est appelé Angelo Dalmistro dans un catalogue imprimé à Paris. (E. P., 1850, no 124.)
  2. Le nom de Merlin a été emprunté au célèbre enchanteur anglais qui joue un si grand rôle dans ces romans de chevalerie dont Folengo était le lecteur assidu, et qu’il imite en s’amusant. Un autre Anglais, Geddes, signa du nom de Jodocus Coccaius, Merlini Coccaii pronepos, une ode ironique pindarico-saphico-macaronica in Guglielmi Pitti laudem, qu’il publia en 1795. Ajoutons que Merlin Coccaie a été mis sur le théâtre et qu’il fait usage de sa diction macaronique dans une comédie de G. Ricci : I Poeti rivali, drama piacevole. Roma, 1652. Quant au nom de Coccaie, on croit que notre poëte le prit à un des maîtres qui avaient instruit son enfance, Visago Coccaie.