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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/71

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et s’estoit tousjours mocqué de son arc. Cependant le Roy sert publier par tout son royaume un tournoy et jouste solemnelle, laquelle se debvoit faire en plaine campagne. Ceste nouvelle s’espand par toutes les provinces lointaines, et le bruit d’icelle convie de loing force compagnies. Les Hirlandois, Escossois et Anglois se preparent d’y venir, comme aussi plusieurs de la Picardie et de Baviere. Ce mesme bruict, passant en Italie, excite à s’y acheminer les Liguriens, Genevois, Savoysiens et Lombards, les plus courageux de l’une et l’autre Sicile, de la Toscane, de la Romagne, de l’une et l’autre Marque : des Senois, Romains, de la Pouille et de l’Abbruzzie, se mettent en chemin, ayans entendu qu’en la ville de Paris se debvoit faire un si magnifique tournoy. Ceste ville est le lieu du siege principal du Roy des François, et qui se vante par tout estre si glorieuse, que depuis la naissance de Ninus ne s’est veu ville pareille à elle en toutes les parts du monde. Celle est fort recommandée pour les sciences, et encore plus illustre pour les armes. Le peuple d’icelle s’addonne à l’escrime, ou à disputer en l’une et l’autre part de toutes sortes de disciplines, on à faire bonne chere et reverer Bacchus. Aucuns s’emploient aux armes ; autres à fueilleter et apprendre les subtilitez de S. Thomas d’Aquin ; voulant chascun, par tels moyens, faire preuve de sa valeur. Or des-ja les Chevaliers, la lance sur la cuisse, venoient de toutes parts en ceste grande ville, et de tous costez on voioit trouppes arriver, lesquelles faisoit beau voir pour estre diversifiées selon l’usance ancienne, de plusieurs et diverses livrées, ainsi que chascun vouloit faire paroistre sa passion, ou son contentement. Mille charpentiers estoient en ce lieu travaillans à faire et dresser barrieres en une grande place, pour enclorre le camp, et dressoient des eschaffaulx pour donner commodité aux Seigneurs et aux Dames, de veoir plus à leur aise, du haut d’iceux, les gentils combattans. On voioit d’autre part, çà et là, les enseignes voleter au-dessus des