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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/86

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l’Amour, Alcide, qui dessus ses fortes espaules relevoit, en façon de pilastre, le plancher du ciel prest à tomber, se vestit d’une chemise de femme, ayant quitté pour icelle sa peau de lyon ; et, mettant bas sa massuë, print entre ses mains le fuseau. Une vile putain a rasé le poil au fort Sanson, lequel souloit à belles mains escarteler les machoires d’un sanglier, d’un tygre, et d’un lyon. Voicy aussi Guy, lequel, rejettant son honneur et celuy du Roy, et prestant l’oreille aux blandices d’une tendre sienne fille, la ravit, et le pont du chasteau abbaissé, s’eschappe, emportant comme un facquin sur son eschine une pesante charge, laquelle il ne voulut jamais oster de dessus ses espaules, jusques à ce qu’ils eussent, eux deux, passé les limites du Royaume de France. Mais nostre Comine a desjà soif, et demande le verre, et ce premier livre a vuidé mon cornet d’ancre.





LIVRE SECOND.


Phebus avoit jà lasché hors de l’escuirie de l’Ocean ses chevaux, et, tenant en main les resnes, les faisoit monter vers le Ciel : les habitans de la ville commencent lors à se lever, n’estans encore bien delivrez du vin du soir. La plus part à leur lever baaillent, estant leur estomach chargé de la crapule. Toutefois peu à peu chacun selon la coustume se range à son affaire. La cloche appelle les Escholiers à l’étude : le Courtisan, monté sur sa hacquenée, va au Palais du Roy : l’Advocat court à l’Auditoire : le Medecin, trottant par la ville, va contempler les uri-