absolue universellement reconnue par tous comme telle.
L’art est une sorte de langage par lequel l’artiste traduit au dehors ses sentiments par des lignes, par des formes, par des couleurs, par des sons ou par des mots. Si les signes qu’emploie l’artiste étaient entendus par le public dans le sens même qu’ils ont pour l’artiste, il serait vrai alors que toute œuvre belle, en vertu de sa beauté même, ne pourrait qu’élever les âmes. Mais il n’en est pas ainsi : le public sent avec les impressions ordinaires de la vie, ce que l’artiste peut-être exprime avec des sentiments spéciaux, dans le langage propre de l’art. C’est pour cela que les plus chastes nudités peuvent être par le public mal comprises. M. Deherme écrivait un jour : « Aujourd’hui, les statues grecques sont obscènes… J’en ai fait l’expérience dans un milieu ouvrier, où j’ai pu observer des enfants, des jeunes femmes et des jeunes hommes défilant devant un moulage du Discobole[1]. » M. Deherme attribue cette interprétation fâcheuse d’un pur chef-d’œuvre à la corruption des âmes ; il me semble qu’il faut n’y voir que l’incompréhension que je signalais. Pour quiconque ne fait que vivre, Pour quiconque n’a pas reçu l’initiation nécessaire. à la culture dans l’âme des sentiments
- ↑ Coopération des idées, 1er juin 1908, p. 325.