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Page:Fontaine - Sensuyvent les Ruisseaux de Fontaine, 1555.djvu/59

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Qui a paßé ſa ieuneſſe ſoudaine,
Et à trente ans eſt en peine & ſouci.

Ian, petit Ian, vien voir ce tant beau monde,
Ce ciel d’azur, ces eſtoilles luiſantes,
Ce Soleil d’or, cette grand terre ronde,
Cette ample mer, ces riuieres bruyantes,
Ce bel air vague, & ces nues courantes,
Ces beaux oyſeaux qui chantent à plaiſir,
Ces poiſſons frais, & ces bestes paiſſantes :
Vien voir le tout à ſouhait, & deſir.

Vien voir le tout ſans deſir, & ſouhait,
Vien voir le monde en diuers troublemens,
Vien voir le ciel, qui ia la terre hait,
Vien voir combat entre les elemens :
Vien voir l’air plein de rudes ſoufflemens,
De dure greſle & d’horribles tonnerres :
Vien voir la mer noyant villes, & terres.

Enfant petit, petit & bel enfant,
Maſle bien fait, chef d’œuure de ton pere,