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Page:Fontaine - Sensuyvent les Ruisseaux de Fontaine, 1555.djvu/60

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Enfant petit en beauté triomphant,
La grand lieſſe, & ioye de ta mere,
Le ris, l’esbat de ma ieune commere,
Et de ton pere außi certainement
Le grand eſpoir, & l’attente proſpere,
Tu ſois venu au monde eureuſement.

Petit enfant peux-tu le bien venu
Eſtre ſur terre, ou tu n’apportes rien ?
Mais ou tu viens comme vn petit ver nu ?
Tu n’as ne drap, ne linge qui ſoit tien,
Or, ny argent, n’aucun bien terrien :
A pere & mere apportes ſeulement
Peine & ſouci : & voila tout ton bien.
Petit enfant tu viens bien pourement.

De ton honneur ne vueil plus eſtre chiche,
Petit enfant de grand bien iouiſſant,
Tu viens au monde außi grand, außiriche
Comme le Roy, & außi floriſſant.
Ton Treſorier c’eſt Dieu le tout puiſſant,
Grace diuine eſt ta mere nourrice :
Ton heritage eſt le ciel ſplendiſſant :
Tes ſeruiteurs ſont les Anges ſans vice.