De ton culte en ces lieux tu reprends les honneurs,
Et je te vois, d’un air affable,
Tendre la main aux voyageurs.
Ils courent à l’envi sur ces rives heureuses ;
Le vieillard de maux escorte,
Le héros encor tourmenté
De cicatrices douloureuses ;
La mélancolique beauté
Qui, dans l’âge de la gaîté,
Succombe aux langueurs amoureuses,
La douleur et l’oisiveté
Voyageant par troupes nombreuses,
La cour, le château, la cité,
Auprès des ondes sulfureuses
Viennent chercher ici les jeux ou la santé.
Les vapeurs à l’œil attristé,
L’ennui, les sombres maladies,
Et la goutte aux mains engourdies,
Tout cède au breuvage enchanté.
Sous un mont couronné de neige
Hygie a choisi son séjour ;
Une coupe à la main, elle assemble sa cour
Chez les Naïades de Barége ;
Tandis que, vers la fin du jour,
La Nymphe de Bagnère encourage et protége
Les doux mystères de l’amour.
Dans ces vallons charmants, sur ces rocs solitaires,
La France a conservé ses mœurs héréditaires :
On y revoit la loyauté
À l’accueil sûr, aux yeux sincères,
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ŒUVRES DE FONTANES.