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ŒUVRES DE FONTANES.


MON ANNIVERSAIRE.


J’ai vu cinquante fois ce jour de ma naissance
Où des astres de Mars présida l’inconstance ;
Sous leur signe orageux commença mon destin ;
Un an pour moi finit, un an renaît encore
 À la sixième aurore
 De ce mois incertain.

Pourquoi ces cris joyeux, ces bouquets, ces cantiques,
Et ces dons qu’on apporte à mes dieux domestiques ?
Ah ? ce jour est-il fait pour les ris ou les pleurs ?
Dois-je prendre un habit ou de deuil ou de fête,
 Et couronner ma tête
 De cyprès ou de fleurs ?

On nous dit qu’autrefois les peuples de la Thrace,
Quand un homme était né, déplorant sa disgrâce,
Formaient un chant funèbre autour de son berceau,
Et faisaient retentir, dans une sainte ivresse,
 L’hymne de l’allégresse
 Autour de son tombeau.

Muse ! conformons-nous à cet antique usage :
Du voile le plus sombre obscurcis ton visage,