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SUR M. DE FONTANES.

noms de Delille et de Larcher figuraient en tête de la faculté des lettres de Paris.

Malgré tant et de si sages préliminaires, l’adminístration de Fontanes eut à combattre, dès son origine, et la philosophie qui le trouvait trop religieux, et le clergé qui ne le trouvait pas assez. Telle est la destinée des hommes d’État comme des généraux d’armée : on les blâme également de ce qu’ils font et de ce qu’ils ne font pas. Mais le plus grand adversaire, contre lequel il eut à lutter pendant cinq années, ce fut Napoléon. Pour forcer tous les parents à envoyer leurs enfants aux lycées, l’empereur avait décidé que tous les pensionnats particuliers seraient fermés ; Fontanes fit révoquer cette décision. La rétribution universitaire était établie par une loi : Fontanes en diminua la rigueur par d’innombrables exemptions facilement accordées. S’il est évident que le despote ne lui cédait malheureusement pas toujours, il est également certain que nul, mieux que Fontanes, ne posséda le secret d’apprivoiser cet esprit inflexible, et de l’amener souvent à moins mal faire, et quelquefois à bien faire. En voici un exemple. Le grand-maître n’avait pu replacer, dans la nouvelle Université, ni tous les membres des anciennes universités de France, ni ceux des autres corporations enseignantes, l’âge et les infirmités les ayant rendus pour la plupart incapables de servir. Il fut donné à chacun d’eux une pension proportionnelle suffisante pour exister. Parmi les religieux pensionnés, se trouvait le père Viel, de la congrégation de l’oratoire, auteur de la traduction de Télémaque en vers latins, et ancien professeur de Fontanes. Cet acte de justice fut dénoncé à Napoléon comme un acte de faveur, et celui-ci, dans une audience publique, le reprocha au grand-maître comme un abus de pouvoir. Fontanes lui répondit qu’il n’avait agi dans cette circonstance qu’en vertu d’un article du décret constitutif de l’Université ; à quoi Napoléon répliqua que cela n’était pas vrai. Le lendemain, Fontanes devant retourner aux Tuileries, M. le chevalier de Langeac court chez un imprimeur, y fait imprimer l’article séparément