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ŒUVRES DE FONTANES.

Ai-je vu sous un sombre voile
Pâlir les rayons éclatants ?
Du moins, si le sort nous opprime,
Un caractère magnanime
Nous reste au sein de nos revers ;
Tel, sous l’acier qui le mutile,
Dans nos forêts un tronc fertile
S’enrichit de rameaux plus verts.

Du milieu de ces toits de chaume
Où des pêcheurs ont habité,
Au centre d’un vaste royaume
S’élève une vaste cité :
Je te salue, Île modeste,
Où la Seine, en un lit agreste,
Ignore aujourd’hui sa grandeur !
Que des palais couvrent tes herbes ;
Et des cités les plus superbes
Atteins et passe la splendeur[1].

On dit que, du milieu des nues,
Le soir, en magiques accords,
Des voix, des harpes inconnues
Se font entendre sur tes bords ;
Souvent le cygne au blanc plumage,
Par un prophétique ramage

  1. Paris a commencé dans la partie qui garde encore le nom de l’île.