Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
LA PROPHÉTESSE GAULOISE.

Enchantant le cours de tes eaux,
A prédit la gloire future
Qu’enferme encor ta rive obscure
Sous un amas de vils roseaux.

Ô toi, dont la magnificence
Égalera l’immensité,
À tes murs, avant leur naissance,
J’attache l’immortalité ;
Je vois les temps qui se déroulent,
J’entends les troncs qui s’écroulent,
Tout périt, tout change ici-bas ;
Trois fois je compte mille années,
Et de nos grandes destinées
Le long honneur ne finit pas.

Mais le Ciel veut un sacrifice,
Pour prix d’un si rare bienfait ;
Le sang versé le rend propice,
Par le sang qu’il soit satisfait !
C’est moi qui serai la victime,
Point de pitié pusillanime !
Je défends les pleurs et le deuil ;
Druides, vénérables sages,
Bardes, et vous doctes Eubages,
Entonnez l’hymne du cercueil !

Quand je me livre en hécatombe,
Léguez ma gloire à l’avenir ;