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LA MAISON RUSTIQUE.

Le laboureur content voit s’enfler les épis,
L’arbre étend ses rameaux, la vigne au loin bourgeonne,
Et Septembre a doublé l’honneur de sa couronne.

 Hélas ! combien gémit le triste possesseur
Qui, d’une eau nourricière implorant la fraîcheur,
Voit de ses jeunes plants se faner l’espérance !
Tout périt, ô regrets ! que de fois en silence
Il tourne vers la nue un regard attristé !
Comme des jours sereins il maudit la beauté !

 Loin de nous ces malheurs ! cherchez à reconnaître
L’onde que sous vos pieds le sol cache peut-être ;
Mais, pour la découvrir, on interroge en vain,
Le coudrier qu’agite une trompeuse main.
Laissez à Thouvenel, à la foule indiscrète,
Consulter de Bléton l’impuissante baguette.

 Qui nous dévoilera le cours secret des eaux ?
Si les fleuves fameux et fiers de leurs berceaux
Tombent de la montagne, et sont nés près des nues,
Combien d’autres, cachant leurs urnes inconnues,
Habitent sous la terre, et, sans bruit dans leur cours,
Errent de veine en veine en ses profonds détours !
Observez ce terrain où s’épaissit l’herbage,
D’où s’exhale sans cesse un humide nuage ;
C’est là qu’il faut descendre, et sitôt qu’à vos yeux
L’onde décélera son cours mystérieux,
Honorez du vallon les champêtres génies.
Tels jadis, en guidant leurs jeunes colonies,