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ŒUVRES DE FONTANES.

La chaux, le plâtre ardent et les pierres blanchies
Ont concentré du jour les clartés réfléchies,
Et même ont réchauffé le soleil des hivers.
Muse ! dis-moi l’auteur de ces treillages verts ;
Apprends-moi, tu le sais, d’où nous vint leur usage.

 Un illustre vieillard, un patriarche, un sage,
D’un nom que ses enfants ont encore ennobli,
Honorait autrefois le hameau d’Andilly.
C’était le vieux Arnauld, qui des vieux solitaires
Rappelait par ses mœurs les exemples austères.
Il raconta leur vie, et, pour mieux l’imiter,
Aux champs de Port-Royal il courut habiter.
Là, ses jours s’écoulaient, comme aux siècles antiques
Entre les livres saints et les travaux rustiques.
Jour et nuit, de la Bible ouverte à son côté,
Sa foi, d’un œil plus sûr, admirait la beauté.
Cependant quelques jeux égayaient sa retraite ;
Quittant sa docte plume, il tenait la serpette,
Et, nouveau jardinier, cultivait de ses mains
L’art qu’enseigna Dieu même au premier des humains.
Dieu bénit le travail du juste qui l’implore.
Dans ce pieux enclos tout s’empresse d’éclore ;
Chaque arbuste à ses fleurs, chaque fleur a son fruit.
Le vieillard est charmé, ses succès l’ont instruit.
Un jour, des jeunes plants, qu’en ces lieux il dirige,
Le long d’un mur voisin il fait errer la tige ;
Le docile arbrisseau, que défend ce rempart,
Brave du froid janvier le sinistre regard.
Son progrès est rapide, et tandis qu’il s’élève,