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ŒUVRES DE FONTANES.

Io, de la clochette à son cou suspendue,
Ne faisait retentir cette sombre étendue.

 Ainsi les plus beaux parcs sont de vastes forêts ;
Le temps qui vieillit tout rajeunit leurs attraits.
Compiègne et Saint-Germain, c’est vous que j’en atteste.
Et toi, Fontainebleau ! site encor plus agreste,
Qui sous tes hauts abris m’égaras tant de fois !
J’admire ces donjons bâtis par les Valois,
Ces créneaux qui de loin, perdus dans le nuage,
Du palais de Fingal semblent offrir l’image.
Mais que j’aime bien mieux les sauvages beautés
De tes bois qu’Henri-Quatre a souvent fréquentés,
Et ces pins dont le deuil a noirci les collines
D’où s’échappe ta source en ondes cristallines !
À travers ces taillis et ce sable mouvant,
Aux gorges de Franchard je parviens plus avant ;
Terre dans le cahos de ces roches bizarres
Où rampent tristement quelques arbustes rares.
Eh quoi ! presqu’à leurs pieds, une brillante cour
Mène en pompe les arts, les plaisirs, et l’amour !
Jamais la pénitence, en des lieux plus arides,
N’a caché de Bruno les sombres thébaïdes.
Là, d’un monde écroulé, je crois voir les débris.
Souvent le voyageur arrivé de Paris,
Vient de ces noirs rochers parcourir le dédale ;
Et tout plein des splendeurs de la ville royale,
Muet, il contempla d’un œil épouvanté
Ce grand désert voisin de la grande cité.