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ŒUVRES DE FONTANES.

Le traitre est endormi, vous le vaincrez sans peine,
Son sommeil est profond ; mais s’il court dans la plaine,
Il fatigue la meute aboyant à grands cris,
Il va, revient, s’échappe, et d’abris en abris,
Aux plus épais buissons cherche une étroite issue :
C’est en vain, on l’y suit, et sa fraude est déçue.
Qu’importe sa vitesse et son art renommé ?
Il revole à son gite, et son gîte est fermé.
Il fuit encore, il fuit quand, sous l’œil qui la guide,
La balle, qui fend l’air, l’atteint d’un plomb rapide ;
Il tombe : les hameaux, vengés et satisfaits,
Triomphent de sa perte en contant ses forfaits.
Puisse le même sort atteindre ses semblables !

 Il est dans les forêts des hôtes plus aimables,
Dont le vol, le plumage, et le chant varié
Au chasseur inhumain demandent la pitié.
Laissez-les, près de vous, se jouer sans contrainte.
Rappelez-vous Julie, et la tranquille enceinte
Où sa main libérale attirait les oiseaux ;
Ils y trouvaient des fleurs, de la mousse et des eaux ;
Jamais rien n’y troubla leurs riants badinages,
Le secret de leurs lits, la paix de leurs ménages ;
Ils se fiaient à l’homme, et, sans craindre ses fers,
Vivaient à ses côtés comme au fond des déserts.
Rendez-moi ce bosquet : là, sous l’obscure voute,
Quand l’aube a reparu, je m’assieds et j’écoute,
Et des chantres ailés errant dans ces forêts,
L’orchestre harmonieux s’approche de plus près.
Quel barbare oiseleur, dans la saison nouvelle,