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LA MAISON RUSTIQUE.

Pourrait ensanglanter le nid de Philomèle,
Rendre muets les bois, les grottes d’alentour,
Et ravir au printemps le chantre de l’amour ?

 Aimez donc les oiseaux : dans vos vertes charmilles,
Loin du tube homicide, appelez leurs familles ;
Jouissez de leurs jeux et de leurs doux penchants,
Des nids et des amours, des hymens et des chants.
La retraite avec eux n’est jamais solitaire ;
Ces fils légers du ciel, empressés à vous plaire.
Vont payer à l’envi par les sons les plus doux
Cette hospitalité qu’ils reçoivent de vous.
Sitôt que la froidure engourdit et resserre
Les germes paresseux renfermés sous la terre,
Répandez quelques grains aux portes des bosquets.
Si la mère commune en ses riches banquets
Voulut au premier rang placer la race humaine,
Qu’aux êtres moins chéris vos mains s’ouvrent sans peine
Écoutez ce récit dont la naïveté
Pourra du froid censeur blesser la dignité,
Mais que, chez l’Écossais, la nourrice fidèle
Chante à ses jeunes fils qui pleurent autour d’elle.

 Jadis fut un enfant, qui, dans un bois prochain,
Voyant le Rouge-gorge affligé par la faim,
Consola sa misère en des jours de froidure.
Tous deux ils partageaient la même nourriture,
Dans l’eau du même vase ils s’abreuvaient tous deux :
Chaque jour, à la voix d’un hôte généreux,
L’indigent Rouge-gorge accourant avec joie