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LA GRÈCE SAUVÉE.

« À l’imprudent Xerxès prépare un si long deuil,
« Laissons encore un jour s’applaudir son orgueil ;
« Et lorsqu’en vains projets contre nous il s’égare,
« Sachons par notre calme étonner le Barbare.
« Bientôt il nous verra : qu’il respire aujourd’hui,
« Et que nos chants de fête arrivent jusqu’à lui !
« Sans crainte célébrons nos jeux en sa présence,
« Et qu’il juge, en voyant cette mâle assurance,
« Comme, au jour du combat, sait vaincre et se venger
« Un peuple si tranquille à l’aspect du danger.
« Mais d’abord observons les antiques usages
« Qu’ont transmis jusqu’à nous les leçons de nos sages.
« Adressons-nous aux Dieux, maîtres de l’univers ;
« Leur main verse à son gré les biens et les revers.
« Tandis que le Pontife, épanchant une eau sainte,
« Des jeux prêts à s’ouvrir consacrera l’enceinte,
« Melons nos vœux aux siens : jurons tous par sa voix
« De vaincre et de mourir pour nos Dieux et nos lois.
« L’autel est prêt, venez ! » Il dit et s’achemine
Vers les bois de l’Altis, dont l’ombre au loin domine
La glorieuse arène ouverte aux combattants,
Et qu’une sainte horreur consacra dès longtemps.
Le peuple y suit ses pas : de festons revêtues.
Sur un autel voisin s’élèvent deux statues ;
Près d’Aristogiton, Harmodius placé
Y revit sur le marbre, avec lui retracé.
Ces défenseurs des lois, ces mortels magnanimes
Des fils de Pisistrate ont péri les victimes ;
Mais ils ont eu l’honneur d’être admis dans les cieux,
Et là, sur leur patrie, ouvrent toujours les yeux.