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LA GRÈCE SAUVÉE.

Dans l’air à longs replis le fouet tourne en sifflant
La roue infatigable en courant étincelle ;
Tous regardent le but ; la palme les appelle.
D’abord Hippomédon, levant un front altier,
Dans l’arène s’élance et vole le premier :
Mais, avant que le sable élevé sur sa trace
De son essieu rapide ait blanchi la surface,
Le sillon que son char à sa suite a laissé
Sous le char de Cimon disparaît effacé.
Cimon court après lui : Myrtile leur succède ;
Polite tour à tour le suit ou le précède,
Tous les deux sont vaincus, vainqueurs à tout moment ;
Myrtile en longs efforts s’épuise vainement :
Le front de ses chevaux, que sans cesse il excite,
Passe à peine le front des chevaux de Polite.
Télégone est plus loin, mais, trempé de sueur,
De ses chevaux trop lents il réchauffe l’ardeur,
Et Polite a senti leur haleine enflammée
Mouiller déjà son dos d’une humide fumée.
Après eux, d’Hiéron le tardif écuyer
Sur un char plus brillant s’avançait le dernier.
Enfin tous ces rivaux, dans leur audace heureuse
Onze fois ont doublé la borne dangereuse,
Et la dernière course a déjà commencé.
Dans cette lice immense un autel est dressé,
Dont l’aspect est souvent redoutable aux athlètes ;
Ils le chargent de vœux et d’offrandes secrètes,
Ils l’invoquent tout bas. On dit que dans ces lieux
Un génie ennemi, de leur gloire envieux,
Se montre quelquefois et glace leur courage,