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ŒUVRES DE FONTANES.

Versez-y tous les sous vos rayons fraternel.
Mourons, amis, mourons pour renaître immortels !

 « Je ne te verrai plus, ô Sparte, ô ma patrie !
Ville où du grand Lycurgue on suit la loi chérie !
Je te salue encor de mes derniers regards !
Jeune, je respectai la voix de tes vieillards,
Tes vieillards me louaient : la fille la plus belle,
Témoin de cet honneur, me jugea digne d’elle ;
Hélas ! il faut la perdre ; ô Sparte, excuse-moi !
Des pleurs m’ont échappé, mais je mourrai pour toi,
Je l’ai promis ; je lègue à ta reconnaissance,
Ma mémoire, et ma veuve, et mes fils sans défense ;
Qu’ils soient dignes un jour de tes soins maternels !
Mourons, amis, mourons pour renaître immortels !

 « Charme de nos banquets, jeux guerriers, pompe sainte,
Fêtes de Jupiter, d’Apollon, d’Hyacinthe,
Ô Taygète, ô Ménale, ô monts chers à nos Dieux,
Vallons de l’Eurotas, recevez mes adieux !
Mais non, vous me suivrez, je revois vos ombrages,
Un nouvel Eurotas m’attend sur ses rivages ;
J’irai, j’embrasserai les antiques héros,
Hercule, Achille, Ajax, et Lycurgue et Minos.
La terre fuit : j’aborde une rive enchantée ;
N’entends-je pas la voix d’Homère et de Tyrtée ?
Leurs hymnes sont le prix du guerrier généreux,
Qui passe de la terre au séjour des heureux ;
J’y monte à leurs accords : l’Élysée en silence
Se presse autour du luth qui redit ma vaillance.