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LA GRÈCE SAUVÉE.

Amis, embrassons-nous, partagez mon transport ;
Couronnez-vous de fleurs, rendez grâce à la mort ;
Elle vient, souriez, vos plus beaux jours commencent ;
Au-devant de nos pas les demi-Dieux s’avancent :
Qui suivra leur exemple obtiendra des autels.
Mourons, amis, mourons pour renaître immortels ! »

 Ainsi Mégistias, plein du Dieu qui l’anime,
Élevait des guerriers la valeur magnanime.
Trois cents héros ensemble accompagnaient sa voix ;
Les antres des rochers, les profondeurs des bois,
L’Asope et le Phénix dont les eau se confondent,
Et la bords du Mélas longuement leur répondent ;
La mer frémit, le Ciel reçoit leur dévouement ;
Les vieux chênes d’Œta murmurent sourdement ;
Que dis-je ? il nous semblait que tous les Héraclides,
Des Cieux en ce moment, à leurs fils intrépides,
Criaient : « Rappelez-vous les exploits paternels ;
Mourez, enfants, mourez pour renaître immortels ! »


Comparaison pour la mort de deux Spartiates adolescents, légers à la course :


 Tel souvent le chasseur, dans le bois solitaire,
Voit deux faons éloignés des regards de leur mère,
Et s’élancer de front, et jouer et bondir,
Et de leur vol rapide en courant s’applaudir.
Leur trace qui fend l’air touche à peine à la terre ;
Et même en contemplant leur innocente guerre,