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ŒUVRES DE FONTANES.


 Léonidas s’arrête ; il voit ces murs en deuil ;
Il rappelle leur gloire, il s’attriste, et son œil
Autour de leurs débris cherche leur renommée.
On lui montre l’enceinte où repose enfermée
La race de Pélops qui régna dans ces lieux.
Il entre, il veut offrir des dons religieux
À ce roi qui jadis, chef des rois de la Grèce,
Guida contre Ilion leur flotte vengeresse,
Triompha de l’Asie, et, couvert de lauriers,
Revint chercher la mort au sein de ses foyers.
Nous marchons ; des troncs noirs, des bruyères arides
De vieux ifs nous cachaient les tombeaux des Atrides.
La lune, en ce moment, doux astre de la paix,
Derrière un mur vieilli qu’entoure un lierre épais,
Se levait au milieu de deux urnes brisées ;
Et, des cendres des rois, sois nos pas déposées,
Nous distinguons la place, au jour silencieux
Du nocturne flambeau qui dirige nos yeux.
Nous honorons Électre, et nous plaignons son frère,
Que le Ciel a puni d’un crime involontaire.
Dans cet asile au moins leurs tourments ne sont plus ;
Égisthe et Clytemnestre en sont tous deux exclus ;
On relégua plus loin leurs mânes parricides.
La nuit, sur leurs tombeaux, hurlent les Euménides ;
À ce cri le passant s’éloigne épouvanté.
Diane nous guidait, et son globe argenté
Du grand Agamemnon nous découvre le reste.
Trois fois Léonidas et l’implora et l’atteste :
« Ombre auguste ! les Grecs te jurent par ma voix
« De venger leur patrie une seconde fois. »